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Shanawdithit : artiste et artisane, (c. 1801-1829)

Dernière mise à jour : 7 mars 2022

Avertissement : ce poste est difficile et parle de colonisation, de conflits, de captivité, de domesticité et de la disparition d’un peuple. Prenez soin de vous.


Shanawdithit, parfois écrit Shawnadithititis ou Shawnawdithit, est née vers 1801 près d’un grand lac sur l’actuelle île de Terre-Neuve. Elle a également été appelée Nancy April ou Shanawdithit April. À sa mort, Shanawdithit était la dernière membre vivante connue du peuple Béothuk qui a habité ce territoire terre-neuvien pendant quelque 600 ans.



Les témoignages des visites successives des Vikings qui faisaient du commerce et des peuples bretons ou basques qui pratiquaient la pêche permettent d’estimer la population béothuk entre 5 000 et 10 000 individus avant l’arrivée des Européens et Européennes qui ont colonisé les lieux.


Au départ, les relations étaient plutôt pacifiques entre les Béothuks et les Basques alors que ces derniers venaient pêcher la morue au large des côtes. Cette cordialité s’est brisée en 1497, avec la visite de Giovanni Cabotto, un navigateur italien au service de l’Angleterre, dont l’équipage aurait capturé trois Béothuks afin de les ramener au roi. Des conflits et des représailles sont survenus lors de visites successives d’Européennes et d’Européens venus faire de l’exploration, du commerce ou de la pêche.


Les conflits se sont poursuivis lors de la colonisation du territoire amorcée au 17e siècle : combats pour les territoires de chasse et de pêche, raids punitifs des suites de vols d’objets tels que cannes à pêche, hameçons, haches ou couteaux, ou encore représailles pour meurtres, etc. Comme les Béothuks n’avaient que peu ou pas d’immunité contre la variole, la typhoïde ou la rougeole, ils et elles ont contracté ces maladies transmises par les populations amérindiennes qui ont été en contact avec les Européens et Européennes de passage.


Au printemps de 1823, la plupart des membres de la famille élargie de Shanawdithit étaient morts d’une combinaison de famine, de maladies et d’attaques. En avril 1823, Shanawdithit, sa mère et sa sœur ont été capturées par des trappeurs et trappeuses et ont été emmenées à St. John’s, où la mère et la sœur de Shanawdithit ont succombé à la tuberculose.




Shanawdithit a été renommée « Nancy April » d’après le mois au cours duquel elle a été capturée, puis a été assignée comme domestique dans une maison d’Exploits Island. En fait, elle n’avait pas de tâches précises à effectuer et elle semblait plutôt libre de son temps.


En septembre 1828, Shanawdithit est renvoyée à St. John’s pour vivre dans la maison de William Eppes Cormack, le fondateur de la Beothick Institution. Cet organisme s’assurait d’établir un lien pacifique avec les Béothuks afin de les sauver de l’extinction. Émigrant écossais, entrepreneur et philanthrope, Cormack a recueilli le témoignage de Shanawdithit sur la culture béothuk et l’encourageait à dessiner ses souvenirs.


Après le retour de Cormack en Grande-Bretagne, en 1829, Shanawdithit a été prise en charge par le procureur général James Simms. Elle est décédée le 12 juin de cette même année la tuberculose.


Shanawdithit a joué un rôle essentiel dans la documentation et la compréhension de la culture des Béothuks, dont la voix est presque absente des récits historiques.

Cormack notait sans doute tout ce que Nancy April lui disait sur le mode de vie des Béothuks, mais seulement une vingtaine de pages de notes ont été retrouvées.

Des nombreux dessins réalisés par Shanawdithit, seuls quelques-uns sont aujourd’hui conservés au Musée de Terre-Neuve. Elle a aussi fait des démonstrations d’artisanat béothuk et a, notamment, fabriqué une robe traditionnelle dont la trace a été perdue.



Crédit :

1. Femme qui danse, dessin entre 1828-1829, Shanawdithit, Memorial University of Newfoundland Libraries, Centre for Newfoundland Studies.

2. A female Red Indian of Newfoundland, peinture à l'huile, c. 1841, attribué à Philip Henry Gosse (incertain).

3. Homme, dessin entre 1828-1829, Shanawdithit, Memorial University of Newfoundland Libraries, Centre for Newfoundland Studies.

4. Maison d'été et d'hiver, dessin entre 1828-1829, Shanawdithit, Memorial University of Newfoundland Libraries, Centre for Newfoundland Studies.

6. Maison dans laquelle vécue Shanawdithit à Saint-John, dessin entre 1828-1829, Shanawdithit, Memorial University of Newfoundland Libraries, Centre for Newfoundland Studies.

7. Symboles mythologiques, dessin entre 1828-1829, Shanawdithit, Memorial University of Newfoundland Libraries, Centre for Newfoundland Studies.

8. The Spirit of the Beothuk, statue hommage réalisée par Gerald Squires et exposée au Beothuk Interpretation Centre près de Boyd's Cove, Terre-Neuve.


Sources :

Assiniwi Bernard, La saga des Béothuks. Babel, Leméac, 1996.

Serge Bouchard, Marie-Christine Lévesque, Elles ont fait l'Amérique, Montréal, Lux Éditeur, 2011.

Ingeborg Marshall, A history and ethnography of the Beothuk, Montréal, McGill-Queen's University Press, 1996.

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