Diane Nemerov est née le 14 mars 1923 à New York. En 1941, elle épouse Allan Arbus qui lui offre peu de temps après leur mariage son premier appareil photo, un Graflex. La même année, elle suit des cours de photographie à The New School for Social Research avec Berenice Abbott, une photographe bien établie à New York à l’époque.
Entre 1946 et 1956, Diane Arbus et son conjoint travaillent ensemble dans leur entreprise de photographie commerciale appelée Diane & Allan Arbus. Elle y est directrice artistique et Allan, photographe. Allan Arbus a appris la photographie lors de son service militaire et est surtout connu pour ses images publicitaires parues dans des magazines de mode tels que Glamour, Seventeen, Vogue ou Harper’s Bazaar.
Diane Arbus étudie la photographie avec les photographes Alexey Brodovich en 1954 puis Lisette Model en 1956. Cette même année, elle cesse de travailler en photographie commerciale avec son conjoint, réalise ses premières photos dans les rues de New York et décide de se concentrer exclusivement sur sa démarche personnelle. À cette époque, elle travaille avec un Nikon 35 mm et photographie, parfois un peu au hasard, des personnes rencontrées dans les rues new-yorkaises. Elle réalise également des missions photographiques pour des magazines comme Esquire, Harper’s Bazaar et The Sunday Times Magazine.
Vers 1962, Diane Arbus commence à travailler avec un appareil photo reflex Rolleiflex à double objectif, qui produit des images en format carré, plus détaillées et moins granuleuses que ne le faisait son appareil précédent, ainsi qu’avec un appareil photo Mamiyaflex 2-1/4 avec flash. L’artiste étant au départ fascinée par le grain de la photographie argentique, son changement d’appareil reflète sa recherche esthétique vers la clarté.
Le style de Diane Arbus est direct et privilégie le portrait frontal centré dans un format carré. Elle utilise le flash à la lumière du jour afin d’isoler ses sujets de l’arrière-plan, ce qui crée parfois des effets esthétiques un peu surréalistes. Surtout, Diane Arbus s’intéresse aux personnes qu’elle prend en photo. Elle en a d’ailleurs photographiées certaines à plusieurs reprises au fil des années.
Les images de Diane Arbus ont contribué à normaliser la présence de groupes marginalisés et à souligner l’importance d’une représentation adéquate de toutes et tous. Arbus a photographié un large éventail de sujets, notamment des artistes de carnaval, des personnes qui dansent nues, d’autres tatouées, nudistes, atteintes de nanisme, âgées, etc. Diane Arbus photographie ses sujets dans des décors familiers comme leur maison, la rue, au travail ou au parc et cherche à mettre en lumière l’identité propre de chaque personne photographiée.
En 1963, Diane Arbus reçoit la bourse Guggenheim pour son projet photographique American rites, manners, and customs.. La bourse est renouvelée en 1966. L’année suivante, le Museum of Modern Art héberge la première grande exposition de ses photographies aux côtés du travail de deux autres photographes, Garry Winogrand et Lee Friedlander. L’exposition intitulée New Documents. attire près de 250 000 visiteuses et visiteurs.
À partir de 1969, Diane Arbus entreprend une série photographique dans des résidences pour personnes ayant une déficience intellectuelle du New Jersey. Cette série sera nommée à titre posthume Untitled.
Vers la fin de sa carrière, le Metropolitan Museum of Art manifeste son intérêt envers les créations de la photographe en lui indiquant vouloir acheter trois de ses photographies pour la somme de 75 $ chacun. Invoquant un manque de fonds, elle n’en achètera finalement que deux. Comme Diane Arbus l’écrit à Allan : « donc je suppose qu’être pauvre n’est pas une honte » (traduction libre).
Aujourd’hui, Diane Arbus est souvent considérée comme l’une des artistes les plus influentes du siècle dernier.
En 1972, à la suite de son décès, certaines de ses œuvres sont présentées à la Biennale de Venise alors que le Museum of Modern Art organise une rétrospective qui voyage dans plusieurs villes américaines et canadiennes jusqu’en 1975. Plus de sept millions de personnes auraient vu l’exposition.
Diane Arbus est intronisée à l’International Photography Hall of Fame and Museum en 1986.
Entre 2003 et 2006, son travail fait l’objet d’une autre grande exposition itinérante intitulée Diane Arbus Revelations et organisée par le San Francisco Museum of Modern Art. Accompagnée d’un livre du même nom, l’exposition comprend des artefacts comme les correspondances de la créatrice ainsi que 180 photographies tirées de son vaste corpus.
En 2006, le film de fiction Fur : an Imaginary Portrait of Diane Arbus est porté au grand écran avec Nicole Kidman dans le rôle de la photographe. Le long métrage est basé sur la biographie non autorisée écrite par Patricia Bosworth en 1984.
En 2007, le Metropolitan Museum of Art achète finalement vingt des photographies de Diane Arbus, aujourd’hui évaluées à des millions de dollars, et reçoit en cadeau de la part de la succession de l’artiste les archives de celle-ci, qui comprennent des centaines de clichés anciens et uniques ainsi que des négatifs et des planches contacts provenant de 7500 rouleaux de film.
Plus près de nous, le Musée des beaux-arts de Montréal présente depuis le 15 septembre 2022 et jusqu’au 29 janvier 2023 l’exposition Diane Arbus : photographies, 1956-1971, qui réunit quelque 90 photographies de l’artiste et comprend une épreuve tirée de la collection permanente du musée.
Crédit :
1. Diane Arbus. Autoportrait, vers 1968. Crédit : Roz Kelly/Michaels Ochs Archives/Getty Images.
2. Diane Arbus. Trois travestis, N.Y.C, 1962, épreuve à la gélatine argentique, feuille : 27,9 x 35,6 cm. Musée des beaux-arts de l'Ontario. Copyright © Estate of Diane Arbus.
3. Diane Arbus. Portoricaine avec un grain de beauté, N.Y.C., 1965, épreuve à la gélatine argentique, tirée par Neil Selkirk, feuille : 50,8 x 40,6 cm. Musée des beaux-arts de l'Ontario. Copyright © Estate of Diane Arbus.
4. Diane Arbus. Couple d'adolescents dans Hudson Street, N.Y.C, 1963, épreuve à la gélatine argentique, imprimée ultérieurement, feuille : 50,8 x 40,6 cm. Musée des beaux-arts de Montréal. Copyright © Estate of Diane Arbus.
Sources :
Collectif. Diane Arbus Revelations, Aperture, 2022, 352 pages.
Doon Arbus, Marvin Israel. Diane Arbus: An Aperture Monograph: 50th Anniversary Edition, 2011, 184 pages.
Écoutez l'épisode de notre balado Matrimoine Oui! Diane Arbus (1923-1971), photographe x Anne Grace, conservatrice de l’art moderne au Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) disponible sur le site de CISM-FM et sur la plateforme d'écoute Spotify.
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